Se retrouver isolé.e, ou s’isoler soi-même en étant loin de ce qui a été notre maison pendant toute notre vie, parce que l’hiver nous repousse du pas de notre porte, ça craint. On l’aura assez dit.
On s’interroge toujours un peu quand même, malgré le moral plus bas. Est-ce que ça y est, je vais devoir me soumettre à la nuit ? Quand le monde autour de nous se refroidit, que la nature se meure, que les rues en dehors des courses de Noël surchargées sont vides, comment se faire éclore un peu ? C’est ce que je cherchais à dénicher ces derniers temps : retirer les oeillères de givre.
J’ai cherché la lumière en premier : la mienne se lève à 8h40 et se couche à 16h, mais les jours de ciel sans nuage, elle est flamboyante, orange sanguine sur les aplats de neige. Cette lumière du Nord a quelque chose de magique.
Puis j’ai cherché de la vie : sur le bord de l’avenue il y a un seul arbre toujours en retard sur les autres, juste en face de ma fenêtre. À l’automne il a gardé ses feuilles vertes trois semaines de plus. Aujourd’hui, quand tous les autres sont nus pliés sur eux-mêmes, il reste bien garni, aux teintes dorées, et accueille les écureuils roux ou les geais qui se cachent dans la ville.
Enfin, j’ai cherché la beauté, celle qui surgit sans prévenir, qui n’a pas de visage. Elle était dans le sapin décoré, les gros flocons de neige, aller au cinéma, l’écriture d’un poème, l’effusion d’une victoire, pour une fois faire un rêve, la fumée d’une tasse à la fenêtre, parler avec quelqu’un qu’on aime.
Oui parfois les périodes sont dures. Parce qu’on travaille trop ou que l’on a du mal, tout simplement. Nous ne sommes pas toujours capables de déceler ces messagers qui pourtant nous entourent sans cesse. L’important est, quand on se sent prêt, de rester vigilant à ces petits détails qui appellent notre regard. Tout est une question de point de vue. Comme le cycle des saisons, il finit par changer.
Teto Maltesi