Miroir, miroir…

Une dimension à laquelle on ne s’attend pas en partant vivre à l’étranger et qui peut, lorsqu’elle se réveille, nous surprendre, est la capacité à se regarder en face et faire le point.

Une fois l’excitation de l’arrivée passée – aussi sa valise pleine de doutes déballée et rangée dans le placard des sujets traités – il ne reste plus que nous, et notre capacité à construire un nouveau mode de vie, avec tout ce que l’on a traversé comme toile de fond. Les décisions nécessaires à notre installation qui nous ont fait regarder plus à l’extérieur qu’à l’intérieur pour nous permettre de nous adapter ne sont plus de l’ordre de nos priorités. Il ne reste que nous, bien installé.e, face au miroir, qui n’avons pas tout à fait compris que dans notre sac de voyage il y avait aussi notre vécu, notre personnalité, peut-être en demande de quelques ajustements. 

Pourquoi partir vivre ailleurs a-t-il un impact si spécial sur notre remise à niveau personnelle ? Tout simplement parce que ce changement d’environnement radical fait ressurgir ce qui en nous était autrefois dissimulé dans notre quotidien, notre entourage, nos habitudes. On a beau se dire que tant que l’on se sentira intégré tout ira bien, il nous est possible de sous-estimer la quantité d’informations dont il faudra faire le tri à propos de nous-même. Rapidement, on voit apparaître dans la vie de tous les jours des comportements qui nous rappellent à notre vie d’avant, positifs mais aussi négatifs. Dans ce dernier cas de figure, c’est-à-dire celui où l’on se rend compte que l’on a besoin de se remettre en question, il est important de prendre le temps d’identifier ce qui nous pèse. Et d’accepter que oui, nous accomplissons de grandes choses, mais nous ne sommes pas totalement fini.e. 

Qu’est-ce qui dans notre vie d’avant ne nous convenait pas réellement ? Qu’est-ce qui dans nos interactions n’est pas tout à fait résolu ? Qu’est-ce qui dans cette nouvelle page blanche vient poser ses pattes de mouches et générer de la frustration, voire de la colère ? Pourquoi ne sommes-nous pas totalement épanoui.e ? Quels sont les éléments de notre éducation que nous voulons conserver et au contraire, changer ? Pourquoi nos anciens privilèges nous ont-ils abandonnés pour rester au pays ? Comment prendre ce temps et cette nouvelle aventure pour se sentir à la maison sans y être, et avec toutes les évolutions qui participent à notre état présent ? Pourquoi qui nous étions ne semble-t-il pas tout à fait correspondre à qui nous souhaitons être ?

Toutes ces questions peuvent nous aider à identifier ce mal-être que nous savons ne pas être dû à l’endroit où nous sommes mais bien avec qui nous sommes : Soi. L’enfance va ressurgir aussi, souvent, parce qu’on sent  qu’une transition majeure s’opère. Parfois, on sera complètement paumé.e. Ce nouveau travail nous prendra beaucoup d’énergie mais à force de partage, d’échange avec les autres, et de temps passé simplement avec Soi, il nous permettra de plonger de l’autre côté du miroir, de regarder avec empathie celui ou celle que l’on aura été, plus jeune, plus inexpérimenté, et qui aura fait l’effort de ne pas se prendre pour acquis.

Prenez exemple sur moi, j’avais été éduquée en ne buvant que du café noir, maintenant je daigne y tremper une goutte de lait tout en sachant l’apprécier. 

Teto Maltesi

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