Certaines années on ne sent tout simplement pas l’esprit des fêtes. Décembre approche et les rues tardent à se décorer de lumières enchanteresses. La neige n’arrive pas avant le mois de mars, et les gens jouent de moins en moins le jeu. Tout ça, c’était avant de partir habiter dans le nord de l’Allemagne.
Il y a une chose que j’ai compris le matin où, en me réveillant un dimanche matin, je voyais par ma fenêtre de l’autre côté de la rue un lutin à vélo, et derrière lui des centaines de bonnets rouges à pompon en legging moulant prêts à en découdre pour un X-mas run : à Hambourg, Noël est le moment le plus important de l’année. C’est même la ville où aurait été créée la couronne de l’Avent, celle que vous ornez bougies, de pommes de pin et de tranches de fruits déshydratés trouvés au fond de votre frigo pour l’accrocher sur votre porte – attention tout de même, ça fait aussi un excellent allume-feu.
Les rues d’Hambourg étaient déjà recouvertes de lumières au 15 novembre – en même temps il fait nuit à 15h30 – et les marchés de Noël du centre-ville apparaissent à tous les coins de rue, répandant une douce odeur de sucre, de vin chaud et de saucisse grillée sur les bord du lac. L’autre soir, ils ont même suspendu un véritable traineau mécanique avec un véritable mec déguisé en Père Noël et des rennes en plastique à l’allure douteuse au-dessus du marché de l’Hôtel de ville. L’homme jouait en play-bac des « oh oh oh » retentissants sur toute la place et bénissait ses sujets depuis son fil électrique bancal. Je hurlais de rire, et à la fois je retrouvais des sensations que je n’avais pas éprouvées depuis des années.
Mes yeux tout grands ne pouvaient pas se détacher de la scène, en espérant peut-être qu’au fond ce mec suspendu au-dessus de tous ces enfants croyant dur comme fer voir Santa commençait à y croire un peu aussi. Je devenais fébrile devant les magasins de décorations, j’ai même acheté un sapin beaucoup trop grand – vraiment monstrueux – qui rend une partie de mon salon impraticable mais que j’aime désormais comme mon propre fils. Je ne juge pas les décorations kitsch, pire, je les organise dans tout mon appartement, au son de Christmas songs playlists sur Spotify. Je verse des larmes devant Maman j’ai raté l’avion, j’ai envie d’adopter le Grinch, je ne mange rien qui ne soit recouvert de sucre glace, je possède mon poids en clémentines, et j’ai au moins deux calendriers de l’avent, juste pour moi.
Qu’est-ce qui a bien pu m’arriver ?
Outre le fait d’avoir cédé à la propagande hambourgeoise fanatique du gros barbu, j’ai décidé qu’avec l’année qu’on venait de se taper, ça méritait bien un peu de « trop », de « cliché », finalement de plus léger.
Teto Maltesi