Dans quelques heures je serai dans l’avion de retour à l’autre bercail de ma vie : Hambourg. En repensant aux dix jours – intenses – passés en France, je retiens évidemment la famille, les amis, le bon vin, les livres que j’ai acheté et qui m’obligent à m’asseoir sur mon sac pour réussir à le fermer, et bien évidemment, les expos. Depuis toujours, en voyageant, je sais que quel que soit le pays dans lequel je me trouve, il me suffit de me rendre tout à coup dans un musée pour me donner le sentiment de rentrer à la maison.
Les musées me rattachent à Paris, et Paris me rattache aux musées. Voir de l’art a été l’une des raisons principales de mon séjour en terre natale. Les oeuvres me manquaient, les musées me manquaient terriblement. En arrivant à la capitale et planifiant les folles journées qui m’attendaient, je n’ai pas pu m’empêcher de repenser à cet âge noir des dernières années où les portes de mes musées restaient closes pour « durée indéterminée ». Brr, un sale frisson.
Cette fois-ci, retourner dans mes sanctuaires parisiens a poussé la madeleine de Proust, m’a rappelé le goût si spécial des sorties musées les dimanches de mon enfance, ou le prétexte que j’en faisais ado pour à peu près toutes mes interactions sociales – Aller en boîte ? Ah, sinon ça te dit qu’on se fasse une expo ? – J’ai retrouvé les collections permanentes du Centre Pompidou seule, à me perdre pendant des heures, à contempler les toiles qui entrent et sortent sur les murs au fil des saisons. J’ai profité de la bulle de silence et de stimulation mentale qu’est l’errance si spéciale, sans but des salles immaculées pour laisser place à la surprise des oeuvres. Je me rappelle en être sortie comme autrefois : vidée, remplie, ancrée, flottante. En transe, apaisée.
J’ai retrouvé des artistes que j’avais découvert dans d’autres pays, eux aussi de séjour à Paris – Munch, exposé en ce moment au musée d’Orsay – avec les personnes qui à l’époque étaient aussi avec moi dans d’autres pays. J’en ai pris plein les yeux, j’ai râlé aussi, comme à un dîner de famille où je me retrouverais tout le temps assise à côté de l’ancien qui rabâche son passé. J’ai constaté qu’à l’image de Paris, les musées ne changent jamais, et que même si ça pouvait parfois m’indigner, ça me rassurait de savoir ces repères immuables.
Teto Maltesi