J’accumule beaucoup de bouquins. C’est ce qui m’a toujours fait me sentir à la maison. D’ailleurs, j’ai découvert qu’acheter des livres et vivre au milieu de ses piles sans forcément trop les lire porte un nom : j’ai le tsundoku – quitte à avoir un syndrome, autant que ce soit celui-ci.
Ces derniers jours en revenant sur Paris, j’ai refait mon stock de livres à emporter en prévision de mon retour à Hambourg – à ce sujet je lance un appel général : toutes les villes du monde devraient posséder une librairie française, même une toute petite, juste ce qu’il faut pour combler le manque. En faisant mes achats dans le cadre de mes déambulations favorites, j’ai décidé pour mon confort de voyage de ne pas prendre plus de quatre livres. Face aux milliers d’options qui s’offraient alors à moi, je me suis posée la question suivante : Qu’est-ce qui fait qu’on choisit un livre plutôt qu’un autre ? Le plus souvent on choisit un livre par hasard, par recommandation, parce qu’à un moment quelque chose a attiré notre regard, ou que l’on est dans un état d’esprit particulier.
Je me demande si pour moi, posséder trop d’informations sur un ouvrage avant de le commencer vient à gâcher mon plaisir, et fait que je n’arrive que très rarement à sa fin. Face à l’infinité de lectures possibles, faut-il à tout prix cerner son livre en amont pour ne pas perdre son temps ? Se laisser influencer par la couverture, le titre et la quatrième de couverture reviendrait à découvrir un tableau, son titre, sa description, son contexte sans prendre le temps de se laisser envahir par le premier sentiment qu’il nous évoque, non ?
Les seuls livres qui nous ont été imposés sont finalement ceux qu’on a dû lire à l’école. Qu’est-ce qui les rendait si différents ? Il y avait ce sentiment d’obligation envers eux, sentiment qui attaquait fortement notre désir de tourner la page. Étrange, quand on sait qu’on aurait pu les découvrir beaucoup plus tard, autrement, librement, et les dévorer totalement. Comme si notre réel attachement à un ouvrage reposait sur le fait de l’avoir choisi, ou qu’il nous ait choisi – non pas qu’on le choisisse pour nous – bien plus que le contenu de l’ouvrage en lui-même.
Alors, lire, une histoire de rencontre ? De spontanéité au risque de perdre tout son charme ?
Pour moi c’est le sentiment de commencer un livre, de commencer une nouvelle histoire qui fait que la lecture a quelque chose de magique. J’ouvre la porte d’un monde et je m’y plonge entièrement, l’excitation survole le reste, peu importe ce qu’il pourra me raconter.
Teto Maltesi