La visite

Quand on part vivre dans un autre pays, pourquoi la première visite d’une personne de notre entourage fait partie des moments les plus importants ?

Partir vivre à l’étranger donne souvent le sentiment de tout quitter, et même en sachant qu’aujourd’hui on peut contacter tout le monde depuis n’importe où, la première visite a toujours eu pour moi une symbolique spéciale. Outre le fait que c’est un moment qui nous rempli de joie et de l’excitation de revoir un visage familier, elle opère quelque chose de très fort : créer le pont entre notre ancienne vie et la nouvelle. La première visite marque l’alliance officielle entre le choix de découvrir de nouveaux horizons et la possibilité de conserver ce qui compte le plus et que l’on a mis des années à construire : les autres, qu’on aime et qui resteront.

Certes, mon cerveau sait qu’en partant vivre à Hambourg, je n’ai pas perdu ma vie à Paris. Mes ami.e.s sont toujours disponibles, ma famille m’appelle régulièrement, mais dans notre appréhension de l’espace, quelque chose manque. Ils ne sont pas présents, donc absents du nouveau monde que je suis en train de créer, et c’est pourquoi la première visite vient diluer peu à peu ces deux univers parallèles pour ne faire qu’un seul tout, qu’un seul nous-même, et ça fait beaucoup de bien. Cet évènement qui peu passer pour un détail nous aide à ralentir notre solitude, faciliter notre adaptation et à ne pas s’oublier totalement – du moins ne pas avoir peur de s’oublier. Les autres qui traversent cette frontière pour venir nous voir ne mesurent pas leur importance : ils sont nos ancres, et nous font moins sentir à la dérive des changements de paysages et de vie trop radicaux.

Je parle de faciliter notre adaptation : un des points les plus riches de la visite d’un être cher est l’occasion de lui faire découvrir notre ville et notre nouvelle culture. Forcément, on va vouloir partager tout ce que l’on a vécu, vu, mangé – surtout mangé – et profiter avec la personne de notre espace qui commençait à devenir familier. La première visite est l’occasion de se sentir touriste dans sa propre ville, de découvrir des quartiers dans lesquels même nous ne sommes jamais encore allé – en se disant qu’on aurait le temps de le faire un jour. On se découvre nous-même un plaisir de montrer ce qui fait notre quotidien, on retrouve une certaine fraîcheur et un nouvel amour parce que la personne venue pour nous voir à les grands yeux ouverts remplis de curiosité et que notre priorité est de lui faire plaisir, rien que par gratitude de nous avoir rendu visite. 

Pour moi enfin, ça a aussi été l’occasion de tester des choses que je n’avais encore jamais faites – dans ma nouvelle vie ou dans l’ancienne – comme entre autres choses apprendre à faire du roller ou à tirer à la carabine dans une fête foraine et à un peu trop aimer ça. Ce point est peut-être un des plus importants, car au-delà de se contenter du mélange de nos vies, il montre à quel point cette alliance est forte. Continuer de s’ouvrir et le faire partager aux autres ne remplira pas seulement la fonction de satisfaire le moment de la visite en lui-même, mais participera à créer de nouveaux souvenirs indélébiles entre toutes nos vies. Encore plus que de faciliter notre adaptation, c’est un acte qui nous montre que ni les gens ni les lieux qui nous traversons ne resteront figés, et nous permettront de continuer à grandir.

Teto Maltesi

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