Une fois le temps de l’enfance passé et de fait celui pour moi de me déguiser et de fêter Halloween, j’ai chaque année eu du mal à comprendre l’intérêt de célébrer ce qui nous fait peur – souvent lié à la mort sous toutes ses formes. Il est important de prendre en compte que malgré un caractère bien trempé j’ai peur très facilement et d’à peu près tout ce qui peut s’avérer angoissant, gore, ou trop excitant. Je ne regarde pas de film d’horreur sous peine de ne pas dormir pendant plusieurs semaines – mon subconscient particulièrement créatif me charge déjà de cauchemars récurrents et traumatisants – je reste le plus possible éloignée de certains sujets trop forts émotionnellement, je suis superstitieuse, bref, je suis une âme sensible.
D’un autre côté, je me considère dotée d’un sens de la spiritualité aigu, et use de cette forte sensibilité qui m’est offerte pour rester ouverte à la possibilité d’existence d’énergies extérieures à nous-même, agissant sur nos vies et que nous ne pourrons peut-être jamais expliquer. L’une d’elle étant la présence ou non de nos morts autour de nous et notre capacité à entrer en contact avec eux.
J’écoutais récemment une émission dédiée au spiritisme, et qui interrogeait Philippe Charlier – médecin légiste – sur le sujet. Pour les plus cartésiens d’entre vous, le désir de l’homme de croire aux fantômes a vu passer plusieurs âges d’or, de l’Egypte ancienne au XIXème siècle, et a connu un nouveau bond après le covid. Oui, la mort est partout et a fait du spiritisme une tendance universelle : nos morts ont besoin de parler, et plus encore nous exprimons le besoin de les invoquer pour leur parler à notre tour, à condition bien sûr d’avoir un esprit prédisposé. Les enfants par exemple sont souvent utilisés pour attester de la présence ou non d’un esprit sur l’argument qu’ils n’ont pas encore baigné dans la piscine du rationalisme – en entendant cet argument je n’ai pas pu m’empêcher de repenser à la quantité astronomique d’amis imaginaires que j’avais étant petite, et me suis demandé si ça revenait au même.
Ayant fréquenté la mort de près par le passé, je comprends plus facilement notre besoin de croire aux fantômes, mais moins facilement celui de l’associer à un sentiment de peur, d’horreur terrifique. Au contraire, la sensation liée à la présence d’un fantôme autour de moi avait quelque chose de rassurant. Elle répondait à une de nos craintes les plus humaines : celle de penser qu’il ne restera plus rien de nous une fois que nous serons parti que de la nourriture à vers de terre. Alors, pourquoi les gens veulent tellement croire aux fantômes ? Pour enfin confirmer notre immortalité ? Peut-être que c’est à ce moment-là que ça deviendrait vraiment flippant.
Teto Maltesi