Dimanche

Dimanche : jour de la semaine à l’origine déprimant, sauf si c’est pour changer d’air.

On me propose d’aller voir la mer, ça tombe bien, j’ai besoin de voir la mer. La nature m’appelle. Les arbres sur la route nous accueillent dans des couleurs magiques. La voiture roule sous le plein soleil automnal jusqu’à Timmendorfer Strand – village de la côte. Un autre monde s’ouvre à nous. Le sable est blanc, la mer calme comme un lac, si bien qu’on y voit des cygnes barboter comme des coqs en pâte. Le panier en osier qui contient le pique-nique est un véritable trésor de pirate – les mouettes et goélands nous encerclent et lorgnent les paquets de chips d’un air menaçant, poussent des cris voués à nous intimider. Il faut coûte que coûte protéger le butin. La seule méthode pour se débarrasser des piafs est d’embaucher quelques enfants pour leur courir après.

Le soleil va et vient, le vent et le sable  aussi, tout est paisible. Le temps s’écoule différemment. Les éléments nous collent à la peau et nous habillent de sel. Je regarde le large, mon paysage préféré. Face à nous, invisible, le Danemark. J’écris quelque part « regarder la mer à l’horizon, c’est goûter un peu l’infini ».

Finalement à la plage il ne se passe presque rien. On regarde les autres passer devant nous dans un flot continu, surtout j’aime regarder les chiens – et à quel point ils ressemblent à leur maître – Un homme à la moustache grise et parfaitement enroulée caresse un bon pépère poilu lui aussi au museau grisonnant, à tel point qu’on le croirait fait exprès. Une femme en doudoune bibendum rose fuchsia tire fermement la laisse de son bouledog musclé qui bave et roule des épaules pour impressionner la galerie.

Un instant je me retrouve seule à contempler un grand-père et son petit-fils accroupis devant moi, en extase devant les galets visibles dans la clarté de la surface. Puis je pars rejoindre mes compagnons de route à l’autre bout de la côte, où un hélicoptère vient de se poser, soulevant une tornade de sable. Apparemment une personnalité importante du gouvernement aurait eu un problème dans l’hôtel cinq étoile vue sur mer situé juste en face, mais on ne voit personne, et l’hélicoptère repart comme il est arrivé.

Il faut retrouver notre butin culinaire, laissé en boule sous la nappe et abandonné sur le sable 500 mètres plus loin. En revenant nos affaires cachées ressemblent vraiment à un cadavre dissimulé sous un linceul à carreaux. Les autres nous lancent des regards soupçonneux, il ne faudra pas tarder à lever le camp. Le retour à la maison, bien au chaud au fond des sièges de cuir, nous présente un coucher de soleil où les nuages font comme des tempêtes de sable en route pour nous engloutir.

Dimanche : jour de la semaine à l’origine déprimant, sauf pour se raconter des histoires.

Teto Maltesi

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

%d blogueurs aiment cette page :