Une de mes routines favorites consiste en me levant tous les matins à m’armer d’un bro de café et de trouver un sujet sur lequel m’informer. Le plus souvent j’écoute les podcasts de Radio France – en bonne française qui se respecte – mais ça peut être autre chose, tant que j’ai le sentiment d’apprendre chaque jour.
Je vais en prendre note, le garder en tête pour plus tard sur un sujet d’écriture, le partager, en discuter au téléphone dans les conversations relativement infinies avec mes divers acolytes ayant – du moins j’espère pour eux – beaucoup de temps libre. Soyons clair, ma capacité à développer des centres d’intérêts se limite la plupart du temps au catalogue de documentaires disponible sur Arte replay. Je remarque tout de même une chose : je n’ai pas besoin de chercher l’information étant donné qu’elle arrive à moi dans un mouvement continu.
Un dernier documentaire que je regardais justement traitait des livres d’Orwell et d’Huxley et de l’importance de préserver la qualité de la parole comme un enjeu politique. Il exposait également trois types de discours à propos des faits : les uns acceptent leur existence, les autres la rejettent et enfin, certains affirment de ne pas leur prêter attention. Le plus drôle dans ce schéma était l’apparition d’une quatrième entité hybride, affirmant à la fois la non-existence des faits tout en disant de ne pas leur prêter attention – donc d’admettre qu’ils existent.
Le documentaire pointait du doigt des personnalités politiques que nous connaissons tou.te.s, devenus – à défaut d’être de bons vieux reptiliens – des Hybrides. Se posait alors la question suivante : la science-fiction est-elle toujours de la science-fiction, ou bien est-elle devenu notre présent ? Mon bro de café et moi, on a haussé un sourcil, mais plutôt que de partir dans une énième crise existentielle sur l’avenir de l’humanité vouée à s’effondrer, je me suis questionné à mon tour : si les auteurs de science-fiction sont les devins de notre temps, pourquoi ne pas tout simplement écrire une nouvelle science-fiction, cette fois-ci plus optimiste, pour inverser la tendance de l’avenir ? Mes êtres hybrides à moi auraient des moustaches immenses et chapeaux de feutre dans des robes à froufrou de flanelle couleur pastel, développeraient des réseaux de permaculture sur leur balcon en chantant Elvis Presley.
Bon, tout le monde n’est pas voué à devenir auteur de science-fiction.
Teto Maltesi