Bonjour tout le monde ! On se retrouve pour le troisième article de cette série Découvre 1 @rtiste du Calendrier de l’Artvent ! Aujourd’hui je change un peu de registre : parlons MODE. Parlons tenue, vêtement, accoutrement, froc, cachet, carrick, jaquette et surtout de leur histoire. Pour cela, j’avais envie de vous présenter celle qui publie les meilleures story sur l’histoire du pantalon ou bien donne carrément des cours d’histoire de l’art dans le meilleur des conforts, j’ai nommé Salomé Dudemaine, soit @melo_retro sur instagram !
Vous connaissez la maison maintenant, je ne vais pas m’attarder sur une intro inutile et vous laisser de ce pas boire les paroles de cette talentueuse et fichtrement intéressante personnalité passionnée. Bonne découverte !
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PEPPER : Peux-tu te présenter brièvement ?
SALOMÉ : Je m’appelle Salomé, j’ai 26 ans, je viens de banlieue parisienne et j’habite Paris. Je suis historienne de l’art et de la mode et passionnée de vintage. Il y a un peu plus d’un an j’ai validé mon master d’Histoire de l’art et muséologie avec une spécialisation en Histoire de la mode à l’Ecole du Louvre en partenariat avec l’Université de Glasgow. Depuis, je travaille en tant que conservatrice consultante auprès des archives des maisons de Couture, notamment pour les archives de la maison Chloé. Parallèlement, en mai dernier, j’ai lancé le projet Mélo Rétro.
Comment expliquerais-tu ce que tu fais à quelqu’un qui n’en aurait jamais entendu parler ?
Je travaille sur différents projets en même temps, mais ce qui est sûr c’est qu’ils sont tous motivés par une même volonté: démontrer que le vêtement, qu’il soit de haute couture ou quotidien, a bien d’autres significations que le fait couvrir le corps et de suivre des modes de manière insensée. De la robe de cour du 18e siècle au jean troué, chaque vêtement est le miroir d’une société, le garant d’une histoire qui gagne à être racontée. Afin de diffuser cette idée au plus grand nombre je me suis engagée dans différents projets. En tant que conservatrice consultante, dans un premier temps, j’aide les maisons de couture à faire pérenniser leur patrimoine. Cela signifie réunir les pièces de collection qui ont fait l’histoire de la maison depuis sa création à aujourd’hui, mais également faire des recherches pour reconstituer l’histoire de ces pièces, s’assurer qu’elles restent en bon état dans les réserves et travailler à leur diffusion auprès du publique grâce à des publications, des expositions ou des actions de médiation.
Dans un second temps, via ma page Instagram Mélo Rétro sur laquelle je vends des vêtements vintage que je chine partout en France, j’ai créé le concept de hiStory. Chaque semaine, je publie une longue Story dans laquelle je parle d’histoire de la mode en prenant l’une des pièces que j’ai chiné pour point de départ: Quelle est la signification historique des vêtements rayés ? Depuis quand portons-nous des t-shirts ? Comment faire pour dater une robe qui n’a plus d’étiquette ? L’idée étant de mettre de la valeur historique dans des vêtements du quotidien, puisque les vêtements dont je parle sont des pièces que je mets généralement en vente par la suite.
Enfin, depuis le mois d’octobre, j’ai lancé un cycle de cours d’histoire de la mode en partenariat avec la galerie du Floréal Belleville. Un soir par semaine, je donne rendez-vous à un public curieux d’en savoir plus sur l’histoire de la mode et sa pratique. J’ai décidé de traiter l’histoire de la mode de manière thématique en partant de sujets qui font débat aujourd’hui comme le genre, le sportswear ou les emprunts aux vêtements extra-occidentaux dans la mode occidentale. Je trouve que l’histoire de la mode permet de remettre ces sujets en perspective et nourrissent notre vision de l’actualité.

Peux-tu m’expliquer un peu ton parcours ? D’où vient ton envie de travailler dans la mode ?
C’est amusant de voir comme rétrospectivement il est très facile de se créer un mythe fondateur, mais je dois avouer que le vêtement et l’histoire sont deux sujets qui m’ont passionné dès mon enfance. A l’époque je voulais devenir archéologue, déterrer des trésors, mettre à jours des sociétés oubliées… Parallèlement j’ai toujours été fascinée par les pratiques vestimentaires des personnes qui m’entourent, plus d’ailleurs que par la mode des podiums et des magazines. Pour moi, le vêtement a toujours été un langage qui me permettait de lire les autres et de me raconter moi-même. Aujourd’hui quand je chine des vêtements, je déterre des trésors et je les fait parler sur Mélo Rétro.
Pour autant mes études à l’Ecole du Louvre et à Glasgow ont été de véritables catalyseurs et m’ont permis de mettre les mots sur ce qui me passionne dans l’histoire de la mode et du vêtement: le miroir social. Ce sont aussi mes stages dans les collections des musées et des archives (en France mais aussi à Venise, New York et Glasgow) qui m’ont permis d’apprendre en étant au plus près des pièces, de pouvoir les regarder de près, de pouvoir les manipuler, comprendre comment elles sont faites… Aujourd’hui ça m’est très utile quand je chine, ça m’a permis de savoir où trouver les informations importantes sur un vêtement anonyme.

Pourquoi proposes-tu spécialement des vêtements vintage ? Que penses-tu du vintage en général ?
Evidemment, en tant qu’historienne de la mode, j’aime les vêtements qui ont une histoire à raconter, pas seulement quand il est question de travailler mais également de m’habiller. Je chine mes vêtements depuis que j’ai eu l’âge de prendre le RER seule et d’aller sur Paris avec mes copines. Dans les friperies je trouvais des vêtements originaux qui titillaient mon imaginaire, chose que je ne trouvais pas dans les magasins traditionnels.
Puis il y a eu le déclic il y a environ 5 ans, et le vintage est devenu un véritable engagement écologique. Je ne consommais déjà pas beaucoup de vêtements neufs, mais en me renseignant je me suis dégoûtée de l’industrie textile et de son impact tant humain qu’environnemental ou sociétal. Je suis partie d’un simple constat, pour bien moins cher, je peux me vêtir de manière originale et dans des matières beaucoup plus nobles tout en participant au recyclage des ressources déjà existantes. Je suis alors passée au 100% seconde-main.
Avec Mélo Rétro j’ai voulu partager ma vision du vintage en vendant des pièces de seconde-main pour ce qu’elles ont d’exceptionnel: le détail d’un joli bouton ou d’un col brodé mis en valeur par une belle photographie et l’histoire qui se cache derrière, diffusée par une story. L’idée étant de prouver que la seconde-main peut être qualitatif et inciter mes acheteurs à chérir leurs vêtements en leur donnant du sens et de la valeur.
Quelle est ta vision du monde de la mode aujourd’hui ? Comment l’améliorer, quelles sont les démarches à encourager ?
J’avoue m’être désintéressée depuis quelques années de ce qu’il se passe sur les podiums parce que j’ai de plus en plus de mal à y trouver du sens. Je ne me reconnais absolument pas dans l’image de la femme qu’ils véhiculent, l’élitisme, la surproductivité insensée afin de pouvoir suivre le calendrier tout aussi insensé des Fashion Weeks… J’ai de plus en plus de mal à lire la création dans tout cela. Je m’intéresse beaucoup plus à la création textile quand on la trouve en dehors du podium, quand elle côtoie le monde de l’art et de la performance. J’aime beaucoup voir le travail des couturiers pour les costumes de danse par exemple.
Du fait de mon goût pour le vêtement vintage et le recyclage, je salue le nombre florissant d’initiatives visant à produire des vêtements à partir de matériaux recyclés comme le fait la marque Les Récupérables. Au-delà du recyclage, je pense que prendre pour point de départ une matériau déjà existant, ayant déjà une histoire et construire à partir de cela constitue un beau défi artistique. Martin Margiela dans les années 80 utilisait beaucoup de vêtements chinés qu’il retravaillait dans ses défilés, Jean Paul Gaultier également.
Enfin pour ce qui est de la consommation, je vois beaucoup de chiffres passer ces derniers temps à propos de la hausse de la consommation de vêtements vintage. Je suis à la fois contente de voir que nous sommes de plus en plus nombreux à prendre conscience qu’il faut repenser notre consommation textile. Mais j’avoue être également méfiante, est-ce un simple effet de mode ? Le vintage est-il simplement à la mode ? Que nous dirons les chiffres une fois que cette mode sera passée ?

Est-ce que tu as des envies d’évolutions particulières à l’avenir, aussi bien concernant ta boutique que tes cours de la mode ?
Je me suis associée récemment avec d’autres entrepreneuses dans le champs du vintage pour créer un collectif et peut être créer des événements autour de la seconde main avec plus d’impact. Ça c’est mon défi pour la boutique je dirais.
Autrement, le cycle de cours dure jusqu’en décembre et je réfléchis actuellement à la suite. Je ne sais pas si le format de cours conférence correspond exactement à ce que j’ai envie d’exprimer. Je réfléchis à de nouveaux supports de médiation, pourquoi pas sonores, pourquoi pas visuels, pourquoi pas lors d’événements ponctuels plus interactifs ?
Pourquoi pas également développer plus de partenariats avec d’autres acteurs soit du champ de l’histoire et du patrimoine de la mode, soit de la seconde main et du recyclage ?
Qu’est ce qui t’inspire ?
Je me retrouve beaucoup dans cette phrase de Karl Lagerfeld lorsqu’il travaillait pour Chloé : « Je suis comme un immeuble avec toutes sortes d’antennes de télévision, je peux recevoir toutes les chaînes ». Certes, je vais au musée, je lis, je fais de la recherche… mais je suis une personne du quotidien, assez instinctive: ce que je vois dans la rue, ce que j’entends d’une conversation, le hasard d’une rencontre sont clairement le point de départ de la plupart de mes projets. Mélo Rétro, par exemple, est un projet qui est né après une journée de réflexion, il a été lancé aussitôt et s’est en réalité construit au fur et à mesure de mes envies et des opportunités qui se sont créées.
Y-a-t-il un artiste/podcast/film/quelque chose de culturel que tu as aimé récemment et que tu recommande ?
Pour rester dans le domaine de l’histoire de la mode j’ai découvert le compte instagram de Sapé comme Jadis (@sapecommejadis) qui poste fréquemment des récits sur un ton assez détaché sur des phénomènes de mode assez marginaux. C’est très ludique et pour autant très bien référencé.
Récemment j’ai lu le livre témoignage de Camilla Vivian, Mon fils en rose, mère d’un enfant gender fluid dans l’Italie des années 2000. A la fois touchant et éclairant.
Et pour ceux qui s’intéresseraient à la seconde main, il y a le podcast Seconde, qui donne la parole à des acteurs/actrices de ce domaine.
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J’espère que cet article vous a plu ! Encore merci à la douce Salomé d’avoir accepté de répondre à mes questions. Vous pouvez la suivre sur instagram @melo_retro pour capter ses prochaines stories dont je suis tant fan, et pour ceux que ça intéresse je vous poste le lien pour réserver un cours d’histoire de la mode avec elle juste ICI.
Bisou. Et à demain.
Pepper.
2 réponses à “Découvre l’@rtiste Salomé Dudemaine, historienne de la mode et chineuse”
Très bel article, distrayant et riche de nouveautés ! Une belle idée dans ce calendrier qui génère encore et toujours pleins d’envies !
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Merci pour ce soutien infini ❤️
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