Bonjour ! Tout se passe bien dans vos vies en ce moment ? Moi, ça a été un peu les montagnes russes ces derniers temps. J’ai donc décidé d’en parler. Pour les retardataires qui auraient loupé le dernier train, je vis à l’étranger depuis maintenant deux mois, à Londres plus particulièrement dans le cadre d’un stage. D’ailleurs, vous pouvez lire le premier article que j’ai écrit à ce sujet ici et qui parle principalement de la phase de « départ ».
J’en suis actuellement à la moitié de cette expérience folle, et j’ai découvert avec joie et délectation ce que tout le monde appelle communément le « mal du pays » et tout le bazar émotionnel qui vient vous bombarder une fois que l’étape de l’arrivée est passée.
Je suppose que si vous êtes arrivé sur cet article, c’est que vous avez probablement les chocottes grave à l’idée de vous exiler à l’étranger pendant un certain temps. Ou alors vous êtes un expat’ qui veut se rassurer en lisant le malheur des autres pour s’identifier socialement… je m’égare.
Je vais donc vous parler de ce que je vis. Même si vous lisez des choses qui vous font peur dans cet article, pas de panique, vous faites la bonne démarche. En effet, avant de partir, moi aussi je m’étais renseigné et cela m’a permis de mieux gérer mes émotions et de reconnaître ce qui n’allait pas. Comme dans toute période « bof bof le moral », le premier point de départ, c’est d’identifier le problème.
Le cycle de vie de l’expatriation
Pour mieux visualiser ce qui vous attend, il existe un magnifique petit graphique illustrant la célèbre « courbe en U », notamment développée par le professeur de l’Université du Tennessee Mark Mendenhall au début des années 1990. Cette courbe que vous voyez juste ci-dessous illustre globalement les états par lesquels vous allez passer lorsque vous vivez à l’étranger. Pour mieux la saisir, je vais essayer de vous décrire un peu chacune des étapes présentées en y apportant ce que moi j’ai pu ressentir.

Phase 1 / La lune de miel – Tout le monde il est beau tout le monde il est gentil
Le début d’une vie d’expat’ c’est un peu comme une soirée réussie : les papillons dans le ventre, l’ivresse, l’aventure humaine, les paillettes. Vous êtes une personnes qui part à la découverte d’une terre inconnue, vous vivez une expérience dingue et tout ce que vous voyez n’est que nouveauté, enrichissement personnel et festivités. Vous avez l’impression que tout le monde vous aime et que vous aimez tout le monde. Vous kiffez.
Cette période est vraiment géniale parce que votre état d »esprit hyper positif vous amène à vous ouvrir au monde et à grandir très rapidement pour vous-même. Vous découvrez que vous êtes bien plus indépendant que vous pouviez le penser, que petit à petit vous appréciez sortir de votre zone de confort et TANT MIEUX POUR VOUS. Giflez vous de bonheur, dites oui, parlez aux autres, sortez dans tous les musées, apprenez le langage local… enivrez-vous 24h/24.

Phase 2 / Le choc culturel – L’enfer, c’est les autres
Bon alors, là vous allez peut-être flipper un peu. Mais allez au bout de cet article, ça va vous faire du bien je vous assure. La période de choc culturel est nécessaire et va obligatoirement vous arriver en pleine face à un moment donné.
Le choc culturel c’est un peu le syndrome pré-menstruel de la vie d’expat’. Vous avez envie de chialer pour pas grand chose, vous mangez de la merde, vous vous sentez seul et perdu, vous avez besoin d’affection ou/et de tuer tout le monde, vous remettez votre vie en question six fois par jour…
Le choc culturel s’explique par le fait qu’une fois que vous avez « terminé » votre première phase de découverte, vous commencez à voir la routine se dessiner à l’horizon et cela vous effraie parce que vous devez la construire dans un environnement qui vous est totalement différent de celui que vous avez l’habitude de connaître chez vous. Vous allez probablement passer de « Oh j’adore ces gens, les londoniens sont tellement stylés » à « Putain mais ils font chier à être polis et à ne jamais faire la gueule sérieux. Et puis les petits pois avec le fish and chips ça rime à rien sans déconner, les mecs savent même pas ce que c’est d’apprécier un saucisson et un camembert avec une bouteille de rouge merde« . Vous allez devenir un peu un bon nationaliste dans votre genre à toujours comparer les deux pays en vous lamentant sur votre sort. En gros, vous allez renier tout ce qui vous entoure parce que la maison vous manque et que vous vous rendez compte que la différence culturelle existe réellement.
Pas de panique, cette façon de réagir est un mécanisme de défense plus qu’une découverte de votre extrémisme. En réalité, votre envie d’accentuer votre appartenance à votre pays d’origine découle du fait que vous êtes simplement paumé et que vous avez besoin de quelque chose auquel vous raccrocher pour vous identifier. Petite anecdote personnelle : j’ai dépensé l’équivalent de 2,20€ pour le seul principe d’acheter une baguette tous les jours pendant deux semaines et j’ai fait chier tout le monde avec ça juste pour prouver que mon pays était le plus beau. Que voulez vous, on fait avec ce qu’on a. Et puis le fish and chips en vrai, ça défonce.
Phase 3 / Acclimatation – Être ou ne pas être, telle est la question
J’ai senti que je passais à ma phase d’acclimatation en rentrant passer le premier week-end à Paris depuis mon départ un mois auparavant. Pour ceux qui ne peuvent pas rentrer chez eux parce qu’ils partent à l’autre bout du monde ou parce qu’ils n’ont tout simplement pas les moyens, cela ne signifie en aucun cas que vous allez rester bloqués dans la dépression maladive, je ne dis en aucun cas que c’est la solution miracle, juste que ça a été ma solution.
En rentrant chez vous, vous êtes content et vous allez vous rendre compte que vous vivez ce retour presque comme des « vacances », du fait que dorénavant votre vie n’est plus ici pendant une période donnée. Mais rapidement, vous comprenez que ce que vous étiez heureux de quitter vous manque. Vous repensez à votre chez-vous, aux petits habitudes que vous avez commencé à prendre et qui sont propres à cette expérience à l’étranger.
Mon conseil pour ceux qui ne pourraient pas rentrer dans leur pays d’origine serait de vous encourager à re-casser très brièvement la routine actuelle qui vous déprime (partez pendant un week-end quelque part, allez voir quelque chose que vous n’avez jamais vu auparavant…). Ainsi, vous apprécierez mieux vous raccrocher à quelque chose que vous connaissez plus, dans ce cas là votre chez-vous d’expatrié.

Phase 4 / Adaptation – En fait ça va franchement
La phase d’adaptation est étrange, mais cool. Techniquement, c’est la « dernière » phase de votre trip. Vous avez commencé à vous sentir chez vous de plus en plus, à apprécier ce qui vous définit dans votre nouvel environnement sans non plus partir dans une euphorie flippante à chaque fois que vous voyez un bus rouge ou un garde de la Reine avec son sublime chapeau poilu. Vous ne détestez plus les autres, vous vous sentez à l’aise et plus « confortable ». Cette période est la plus intéressante parce que vous commencez vraiment à vous recentrer sur vous-même, à vous découvrir et à vous aimer. Votre indépendance est devenue un automatisme et cela vous permet de faire ce qui vous plaît quand cela vous plaît.
Phase Bonus / Si vos émotions repartent en vrille (on sait jamais)
Je me doute que vous commencez à savoir que chaque être humain est différent et vis ses expériences de vie à son rythme parce qu’il est unique. Si votre état d’esprit est différent de celui que je vous décris dans cet article ou que vous notez des variations, cela ne veut pas dire que vous êtes taré. Par exemple, après ma phase de mal du pays, j’ai commencé à me sentir mieux et à m’acclimater mais je continue de traverser des phases de petite déprime, où je me sens désorientée. Etant donné que personne ne met vraiment de mots sur cela, c’est encore plus difficile de comprendre pourquoi on réagit différemment. Le principal, et que vous devez bien comprendre, c’est que vous vivez un moment dont vous allez vous rappeler toute votre vie, vous allez grandir et devenir la personne que vous voulez être pour de vrai. Comme dans la vie, tout ne peut pas aller toujours bien et vous êtes constamment influencé par ce qui gravite autour de vous.
Si vous préparez un voyage très bientôt, je vous souhaite de profiter à fond quoi qu’il arrive et de bien vous préparer pour savoir apprécier chacune de ces étapes qui forgent l’humain cool que vous êtes (c’est beau ce que je dis, ouah).
Comme toujours, partagez cet article, partagez votre expérience en commentaires, respirez, vivez, mangez cinq fruits et légumes par jour.
Bise digitalisée.
Pepper.
Crédit image Uran