Bonjour ! J’espère que tout se passe bien pour vous, que les vacances de Noël approchent à grand pas et que vous n’êtes pas trop à la bourre niveau achats de cadeaux… (on l’est tous). J’espère également que vous avez apprécié l’interview de Chloé Kobuta aka Cordes Sensibles parue hier, et qu’elle vous aura grandement inspiré.
Aujourd’hui, est un nouveau jour et nous allons parler d’un artiste qui est en fait un couple d’artistes mais-en-fait-ils-signent-d’abord-sous-un-seul-nom-puis-sous-les-deux-puis-l’un-meurt-donc-on-ne-lui-redonne-qu’un-seul-nom ENFIN BREF. Aujourd’hui, on parle de Christo et Jeanne-Claude.

La vie de Christo et Jeanne-Claude
Christo et Jeanne-Claude est un couple. A ma gauche nous avons Christo (Vladimiroff Yavacheff) et à ma droite, Jeanne-Claude Denat de Guillebon. Tous les deux sont nés le 13 juin 1935 (à la même heure paraîtrait-il), le premier en Bulgarie, la seconde au Maroc. Christo et Jeanne-Claude, c’est deux êtres sous une entité mythique, pour leur art « empaqueté » et leurs projets gargantuesques qui me font péter les plombs. Tout comme Niki de Saint-Phalle ou encore César, ils appartiennent au mouvement des nouveaux réalistes.

Christo Javareff a un père directeur d’usine de produits chimiques et une mère secrétaire générale de l’Académie des Beaux-Arts de Sofia. Sa famille va donner refuge à beaucoup d’artistes fuyant la guerre et Christo va vivre de manière cruelle et frontale les horreurs de cette période par HYPER folichonne, on le rappelle. Dès 6 ans, il commence à faire le portrait des femmes de son village. Moi perso, je mangeais encore mes crottes de nez.
En 1953, il entame sa formation aux Beaux-Arts et se forme à la peinture, la sculpture et l’architecture. Le problème, c’est qu’il va peindre des images qui ne font pas super plaisir au parti de l’époque (genre des paysans qui se reposent). En 1956, vu que ça commence à sentir le roussi, Christo fuit pour Vienne. Il débarque à Paris en 1958 et commence par faire des portraits à l’huile qu’il signe Javareff. C’est là qu’il va rencontrer Jeanne-Claude et diriger son art vers le nouveau réalisme en faisant des peintures abstraites et des emballages d’objets ou de modèles vivants à l’aide de toiles ou de plastique.
Jeanne-Claude est française et née à Casablanca. Pendant la guerre, elle vit avec la famille de son père pendant que sa mère fait partie de la Résistance. Lorsqu’elle rencontre Christo, leur relation et leur collaboration d’artistes commence. Ils ont chacun un rôle assez précis : Christo Javareff sera l’artiste qui dessine et elle, sera l’organisatrice. En effet, c’est également à Jeanne-Claude d’être la porte-parole de l’entité artistique Christo et Jeanne–Claude. En tant que co-créatrice ET partenaire (et pas d’assistante merci bien pour une fois qu’une femme est élevée au même niveau que son mec), elle défendra leurs projets en séances publiques et en tribunaux.
C’est à leur arrivée à New York en 1964 que Christo et Jeanne-Claude commencent leurs projets de grande envergure sur des monuments, voire des paysages entiers. La réalisation de chaque projet va prendre un temps considérable à se faire : par exemple, l’emballage du Reichstag (oui oui, vous avez bien lu) prendra 25 ans, et celui du Pont Neuf (oui tout à fait), 10 ans.


De manière générale, on appelle l’art de Christo et Jeanne-Claude « L’empaquetage » (de lieux, de bâtiments, de monuments, de parcs ou encore de paysages). Quel que soit le nombre d’années que nécessiteront leur mise en place, chacun des projets est éphémère et ne dure jamais plus de 15 jours. La structure, l’usage de la beauté pure et l’étude de l’impact aussi bien environnemental qu’humain sont les éléments clés du travail de Christo et Jeanne-Claude. La recherche de créativité se fait dans l’interactivité verbale et physique entre chaque oeuvre et son public. Difficile de s’imaginer que les critiques les plus fréquentes à l’annonce de ce travail vertigineux affirment que « ce n’est pas de l’art ». Quand on voit que Christo et Jeanne-Claude est à la fois ingénieur, entrepreneur, entité physique, entité de pensée, visionnaire, et créateur, on la ferme et on prend exemple, merci. Surtout que le but de l’artiste est très clairement défini :
« L’urgence d’être vu est d’autant plus grande que demain tout aura disparu… Personne ne peut acheter ces œuvres, personne ne peut les posséder, personne ne peut les commercialiser, personne ne peut vendre des billets pour les voir… Notre travail parle de liberté. »
Christo et Jeanne-Claude
Que c’est beau. Moi ça me fout en vrac je vous jure.
En outre, et c’est là que le travail de Christo et Jeanne-Claude est sublimement unique, c’est que de telles œuvres n’ont finalement pas vocation à « signifier », mais bien à vivre d’elles-mêmes en se détachant de leur rôle social, politique, économique, environnemental, moral ou philosophique. Elles ne sont que Beauté, un art gigantesque qui donne le sentiment d’avoir été bâti pour les dieux. Chaque oeuvre existe dans le ressenti qu’elle va générer, et surtout elle n’exclut personne. Elle révèle, en cachant.

Ça vous la coupe hein ? Je parle de votre respiration, commencez pas à vous indigner on a pas le temps et vous avez l’esprit mal placé.
Pour tenter de faire une synthèse, je dirais que le travail de Christo et Jeanne-Claude, par la place qu’il occupe, crée forcément polémique. Je pense qu’il est important de souligner que pas un seul centime du financement de ces projets n’émane de l’Etat ou de fonds privés. Tout vient de la vente des études préparatoires et des dessins de Christo en amont de la réalisation. Et c’est aussi pour cela que je trouve ce travail aussi noble que foutrement poétique, tout en renforçant l’idée que ses créations n’appartiennent à personne, et à tout le monde à la fois.
Je pense sincèrement que Christo et Jeanne-Claude est un de mes couple d’artistes favori. La bonne nouvelle, c’est qu’en 2020, l’artiste revient en France et emballera…
L’Arc de Triomphe.

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J’espère que cet article vous aura plu. Si vous vous découvrez une nouvelle passion pour Christo et Jeanne-Claude, sachez qu’un podcast est disponible sur France Inter via l’émission Affaires Sensibles (Fabrice Drouelle, si vous passez par là, sachez que j’éprouve une passion pour vous) et entièrement dédié au projet de l’emballage du Pont Neuf. Je vous mets le liens juste ici, et je vous le recommande chaudement.
Comme toujours, n’hésitez pas à donner votre avis en commentaires et à suivre la suite du Calendrier de l’Artvent en vous abonnant au blog ou bien en me suivant sur instagram !
A demain pour un nouvel article 🙂
3 réponses à “La biographie (pas chiante) de Christo et Jeanne-Claude”
Le nom n’est pas Javareff, mais Yavacheff et pas Vladimir, mais Vladimiroff
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Merci beaucoup pour votre commentaire ! Je vais faire la rectification.
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[…] comme Christo, César ou encore Yves Klein, Niki appartient au mouvement du nouveau réalisme (précurseur du Pop […]
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