ASMR : une tendance qui fait débat X @ASMR_KALI

Il y a deux semaines, j’ai publié un article sur le thème « Qu’est ce qu’être un artiste en 2019 ? » où j’interviewais Louisa, une illustratrice, pour mieux comprendre son travail, ses avantages comme ses contraintes dans notre société bouleversée par les réseaux sociaux, les « influenceurs », les plateformes de soutien communautaire etc… Cet article m’a beaucoup inspiré et m’a surtout donné envie de donner la parole à d’autres formes d’artistes présents sur internet.

C’est là que m’est venue l’idée de parler d’une tendance qui bouleverse Youtube depuis quelques temps maintenant : l’ASMR.

L’ASMR, où Autonomous Sensory Meridian Responses est d’après Wikipédia défini comme étant « un sigle qui décrit une sensation distincte, agréable et non sexuelle de picotements ou frissons au niveau du crâne, du cuir chevelu ou des zones périphériques du corps, en réponse à un stimulus visuel, auditif, olfactif ou cognitif. » Depuis quelques temps maintenant, cette méthode de détente est reprise par un grand nombre de personnes faisant des vidéos sur Youtube où elles se filment en train de faire un ensemble de sons, de bruitages à caractère satisfaisant. A contrario, un très grand nombre de personnes considèrent que c’est inconfortable à regarder, voire malsain et même « dégoûtant ». Cette opposition rend la mode de l’ASMR d’autant plus intéressante car elle rassemble autant de fans que d’opposants et semble ainsi créer une généralisation de la pratique sans prendre en considération la fait que les méthodes utilisées soient très variées. Comme dirait l’autre, tous les goûts sont dans la nature !

Pour ce qui est de mon expérience personnelle, j’avais longuement entendu parler de l’ASMR mais je ne m’étais jamais laissé tenter par une vidéo. N’ayant pas d’opinion précise, j’avais laissé de côté cette tendance explosive. Et puis un soir en rentrant des cours, je laisse Youtube me distraire, les vidéos s’enchaînent… jusqu’à tomber sur une vidéo d’ASMR qui se lance. Au début j’ai le réflexe de changer et finalement, je me dis « pourquoi pas ?« . La vidéo a duré 45 minutes et je dois bien avouer qu’à la fin, j’étais complètement détendue, voire carrément amorphe.

Je notais également que pendant ces 45 minutes, je n’arrêtais pas de me dire « cette mode est étrange quand même, et puis c’est particulier… mais ça marche assez, alors continuons. ». Quelque part, je ne pouvais pas m’empêcher de me dire que ce que l’on en disait sur les réseaux sociaux m’avait formaté un avis « contre » que je ne partageais pas avec moi-même. Alors j’ai juste décidé de ne pas avoir d’avis tranché. Aujourd’hui, il m’arrive de me laisser tenter par une vidéo par-ci par-là, décomplexée, déculpabilisée d’apprécier sans être partisane.

Plus généralement, j’ai aimé vivre ce moment où intérieurement, je n’arrivais pas à comprendre pourquoi ça me gênait d’apprécier quelque chose qui « sorte de la norme » (avec de grands guillemets). Comme si je n’acceptais pas mes goûts, comme si je voulais me forcer à ne pas apprécier uniquement pour partager l’avis de mes proches. Pour le coup, faire un délicat « fuck » à la pression sociale est un moment délectable que je vous souhaite de vivre quotidiennement. Je trouve que ce serait même un sujet intéressant à traiter dans un article qui y serait dédié.

Revenons à nos moutons. L’ASMR a donc attisé ma curiosité, et c’est pourquoi j’ai décidé de contacter une pratiquante assidue pour mieux comprendre son art. C’est comme ça que j’ai connu Kali, de la chaîne ASMR KALI sur Youtube qui a gentiment accepté de répondre à mes questions. Grâce à elle, je saisis mieux l’objectif principal de l’ASMR qui est de procurer du bien-être, voire de soigner parfois des maux complexes. Elle présente ce qu’elle fait comme un moment de partage, de don aussi. Elle essaye de créer une intimité avec son spectateur et de capter son attention au maximum. On sent qu’elle connaît son sujet et qu’elle veux toujours progresser en proposant le plus grand nombre de méthodes utilisées (dites triggers) pour faire effet et toucher un public large.

Je vous laisse maintenant apprécier nos échanges, n’hésitez pas à partager votre avis sur le sujet et à y apporter des éléments complémentaires !


« Il n’y a vraiment pas de règle, l’ASMR est propre à la réceptivité et à l’envie de chaque personne. »

PEPPER : Pourrais-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas ?

KALI : Hey coucou ! C’est Kali ! J’ai 27 ans, je suis ASMRtist sur YouTube depuis un an maintenant.

Comment as-tu découvert l’ASMR ?

J’ai découvert l’ASMR tout simplement pendant mes études. Pour me concentrer dans mes révisions, j’avais besoin d’un fond comme de la pluie ou du craquement d’un feu de bois, donc j’étais régulièrement sur YouTube où il existe des vidéos de sons ambiants. Puis, de fil en aiguille, de clics en clics, j’ai fini par tomber sur ce type de vidéos appelé « ASMR ». 

Dans quel but as-tu créé ta chaîne sur Youtube ? Qu’est-ce qui te donnait envie de faire des vidéos d’ASMR ?

Avant d’être ASMRtist, j’étais streameuse et beaucoup de gens qui me regardaient me disaient que j’avais une voix qui pouvait bien se prêter à l’ASMR. Il faut savoir que ça faisait déjà deux ans que j’écoutais de l’ASMR pour m’aider à m’endormir car j’avais vraiment du mal.
Un soir j’ai tout préparé, je me suis lancée et j’ai fait le test avec une première vidéo et elle a super bien marché !

Est-ce que tu fais de l’ASMR ton métier ? Tu penses que c’est une forme de métier ?

Aujourd’hui, je vis de l’activité d’ASMRtiste, je produis des vidéos dans le but de relaxer et d’aider à s’endormir mes spectateurs. Tout comme être un professeur de Yoga ou une Youtubeuse lifestyle, c’est un métier qui tend à se développer énormément ces derniers temps.

Si tu pouvais me présenter l’univers de l’ASMR (à une novice comme moi !), qu’est-ce que tu me dirais ?

L’ASMR est la reproduction de sons et de mises en situation du quotidien créant chez le spectateur une sensation très agréable de picotements à différentes parties du corps. Souvent, ces sensations rappellent les caresses d’une mère à son enfant, ou le coiffeur quand il manipule votre cuir chevelu. Tout le monde n’y est malheureusement pas réceptif, mais si vous l’êtes, l’ASMR peut vraiment vous aider. Certains de mes spectateurs me font régulièrement des retours pour me dire que l’ASMR a pu les sortir de leurs crises d’angoisse ou bien de leur dépression. L’impact peut être plus ou moins fort selon les personnes. 

Pourquoi penses-tu que l’ASMR est une tendance qui plaise autant ?

Quel que soit notre quotidien, ou même notre âge, nous sommes tous touchés par différentes formes de stress, des moments d’angoisse, des peines ou des phases d’insomnie. L’ASMR, pour les personnes dites « réceptives », peut avoir un réel impact et participer à la guérison de ces maux. Sans compter toutes ces personnes qui se relaxent à l’écoute de ces vidéos. 

Comment interprètes-tu le fait que cette tendance soit tant controversée ? D’après ce que j’ai pu observer, beaucoup de gens revendiquent qu’ils détestent l’ASMR, que c’est malsain, bizarre, gênant… alors que d’autres sont fans et l’ont inclus dans leur quotidien.

Tout simplement, car nous ne sommes pas forcément tous réceptifs. La pratique de l’ASMR peut donc en étonner certains qui ne ressentent absolument rien. Il y a différents degrés de réceptivité, mais surtout de très nombreuses personnes ne sont réceptives qu’à certains types d’ASMR. Par conséquent, il faut regarder les différents types d’ASMR existant sur Youtube pour réellement savoir si oui ou non notre corps est réceptif et ne surtout pas juger dès la première vidéo. 

Quel est le moment idéal pour écouter de l’ASMR ?

Il n’y a pas de moment opportun pour écouter de l’ASMR, tout dépend de votre rythme de vie et de ce que vous recherchez à travers cela. La grande majorité des spectateurs écoutent de l’ASMR pour s’endormir, car l’insomnie est un problème très courant et difficile à soigner et ces vidéos ont un impact énorme pour ces personnes. Mais vous pouvez très bien en écouter pendant votre travail, vos devoirs, pendant des périodes d’angoisses ou de stress (avant un examen par exemple), en rentrant des cours, du sport ou du travail. Il n’y a vraiment pas de règle, l’ASMR est propre à la réceptivité et à l’envie de chaque personne. 

Tu as des projets en ce moment ?

Oui, j’ai différents projets en lien avec l’ASMR, je veux vraiment participer à sa démocratisation. L’un d’eux va voir le jour très vite et devrait séduire une nouvelle catégorie de personnes, mais pour le moment je ne peux pas encore vous en dire plus ! Restez attentifs 😉.

Merci beaucoup d’avoir pris le temps de lire cet article que j’ai trouvé passionnant à construire et à écrire. Si vous voulez en savoir plus sur son travail, je vous encourage à suivre Kali sur :

Si le sujet vous a plu, surtout n’hésitez pas à partager votre point de vue sur l’article, à y apporter vos sources, vos découvertes, de nouvelles questions à se poser… pour un éventuel prochain article sur le même sujet ?

J’ai hâte d’avoir vos retours. A la semaine prochaine !

Pepper.

5 réponses à “ASMR : une tendance qui fait débat X @ASMR_KALI”

  1. J’aimerais rajouter que je trouve ça dérangeant pour moi-même, par rapport à mon vécu.
    Si Kali peut apporter un peu de réconfort et de chaleur humaine à ceux qui en ont besoin, et bien, c’est assez beau et très, disons, généreux de sa part.

    Aimé par 1 personne

  2. Faisant parti de ceux qui trouvent ça « gênant » ou « bizarre », j’aimerais revenir sur l’argument de kali, comme quoi ceux qui trouvent ça bizarre ne seraient pas réactif à l’asmr.
    Personnellement je suis très réceptif. Avant de connaître l’asmr j’avais déjà ressenti ces vibrations du cuir chevelu, une drôle d’impression entre la nuque et les tympans, Quand ma copine me passe la main dans les cheveux ou alors plus jeune en classe quand une fille se penchait sur ma feuille pour y écrire quelque chose.
    Le côté gênant pour moi c’est qu’il y a une forme d’intimité dans ces sensations. Elles sont d’ailleurs liés, selon moi, à une forme de proximité.
    Aimer l’asmr c’est (pour moi) reconnaître avoir ou avoir eu une carence affective. Écouter kali c’est entrer en intimité avec elle. Il n’y a rien de mal dans le fond mais l’intimité vécu au contact d’un smartphone ou d’un ordi, ça rappelle légèrement la pornographie. Consommer seul ce qui se consomme généralement à deux ou plus =)

    Aimé par 1 personne

  3. Étant adepte de la relaxation, j’ose remettre en question le sens de diverses présences…
    En effet, ma curiosité aiguisée et juste, me pousse à observer les communautés Et.. une chose semble prendre le dessus sur le reste : l’assiduité et son déchaînement de passions.
    Nombreux sont les retours décrivant, à peine voilé, un Amour débordant ou une deception émotive… Une détresse flagrante se dégage à chaque Mots.
    Avons-Nous affaire à une recherche de sagesse interne ou à un manque d’attention?! pour ne pas dire plus…Pour conclure, cette nouvelle pratique camoufle un mal bien plus profond, aidant les adeptes à fermer les yeux sur une réalité devenue bien trop lourde à porter seuls.. La responsabilité doit être plus grande sur les artistes qui, avouons le, jouissent d’un certain privilège … cet art doit être sublimer.

    J’aime

  4. J’ai découvert kali il y a peu de temps ça à changé ma vie et c’est pas peu de le dire depuis plus de 10 ans je ne dormais presque plus à raison de 3 à 4 h par nuit pas plus au début idem j’ai trouvé cela étrange mais on se laisse porté apaisé..je dors maintenant 7h voir plus.sa voix est si prenante et apaisante.

    J’aime

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

%d blogueurs aiment cette page :