Naples, ville bleu ciel

Pilote

Je suis assise à la terrasse du bar Libreria Perisio, dans la rue des bouquinistes de Naples qui débouche sur la Piazza Bellini. J’ai acheté un paquet de cigarettes bleu ciel, comme le drapeau du SSC Napoli, comme la couleur des voitures de cette ville, comme les petits morceaux de plastique que les gens collectent et accrochent en fanions à leur balcon, peut-être pour teinter les rues quelques fois féroces de plus de paix. Mon voyage se termine après-demain et mon amie Cindy, que j’avais décidé de rejoindre et grâce à qui je suis ici, est rentrée en France. Son départ m’a un peu déprimé, je pensais rester seule dans notre bed and breakfast à regarder la télé en italien. Finalement, j’ai chaussé mes baskets et foncé vers le Duomo, premier lieu de visite à mon arrivée il y a trois jours. Revenir à notre point de départ, ouvrir une nouvelle page de ce périple. Je n’ai pas été seule à l’étranger depuis trois ans. J’avais repéré ce bar où nous n’avions pas pu aller et ils sortaient tout juste les tables sur les pavés, alors je me suis installée et j’ai demandé un Spritz, ne sachant pas quoi commander et voulant raviver nos soirées passées à deux. Juste avant de m’installer je suis rentrée dans la papeterie qui fait face aux étalages de livres et j’ai acheté un carnet bleu ciel. Sur la couverture, un trait doré dessine le Vésuve. Je suis seule, je fume une cigarette, je sirote le cocktail orange fluo, je regarde le flot d’italiens et de touristes passer. Le carnet me regarde, je ne sais pas quoi lui dire. Avant, je me serai jetée sur ces pages en notant tout ce que j’aurais peur d’oublier. C’est quelque chose qui a changé chez moi. Je sais que chaque souvenir est là, qu’il suffira de soulever la bonne pierre pour le révéler. J’aimerais tout de même noter mon impression de cette ville. Le plus difficile, mettre mes propres mots sur Naples. À la table bringuebalante sur les pavés, je note le seul paragraphe qui restera inscrit dans ce carnet :

« À Naples, on ne peut pas se cacher. En tant qu’étranger, derrière des visites culturelles incessantes, prétextant de se plonger dans des œuvres et leur demandant de guider notre regard et nos connaissances. Non. Il faut se promener dans les rues et aimer la frontalité de la vie. Cette vie qui ne se cache derrière rien, si ce n’est, peut-être, la méfiance envers les clichés dont elle joue. Rien n’est acquis à Naples, le touriste doit travailler comme le commerçant pour atteindre ce qu’il cherche. Ils se fondent tous deux dans le paysage. Il faut vivre Naples et non pas la penser. Les croyances semblent vaines, on sait ici que l’on ne contrôle rien, ou bien l’on prétend tout contrôler. Comprendre que ce sont les gens qui comptent. Ne pas perdre son temps dans la complexité. Prendre ce qu’on veut. Être fier, pudique, mais pas prétentieux. Raconter ce que l’on voit et pas ce que l’on imagine. »

Tout y est, dans cette pile de mots, que j’aimerais maintenant distiller pour en faire ressurgir les images, leurs parfums. J’ai très envie de retracer cette visite à Naples, en reprenant depuis le début. 

Commentaires

Une réponse à « Naples, ville bleu ciel »

  1. Avatar de belmadanirachid

    bonjour, elosie j’aimerai bien visité l’Italie ,j’ai une expérience de travail de plus de 10 ans avec les italiens.

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