Catégorie : Bits&pieces 2023/4

  • bits&pieces février 2024


    Les chroniques de poche sont diffusées sur le compte instagram de La Beautaniste chaque semaine. Vous y retrouvez les bits&pieces, format hebdomadaire, et quelques hors-séries !


    4 février – Ce sentiment de tomber par hasard sur un auteur qui débloque tout, qui trace de sa plume les mots et les sensations que vous attendiez de voir tomber du ciel – ils sont bien plus souvent cachés dans les pages. Cette pulsation où à l’instant je découvre cet auteur, ou plutôt l’idée que j’en ai – j’ai envie de me lever, de courir partout, pieds nus, dans la rue, à sa recherche, de le trouver, de prendre, entre mes mains, son visage, de le couvrir de baisers baveux et bruyants, entrecoupés de « merci », lui ne peut pas en placer une, écrasé, par l’intensité de la gratitude d’une groupie née il y a quelques heures seulement. Ce sentiment, en réalité dans le silence de la chambre, et puis souligner la phrase qui a tout bouleversé, corner la page, boire une gorgée de café, et passer au paragraphe suivant, dans le silence.


    25 février – Je n’écrirai probablement toute ma vie que sur le fait de prendre le train ou de ne pas arriver à écrire. Je suis de nouveau sur les rails, sans savoir très bien où ils m’emmènent. Peut-être dans les paysages de bourgogne aux allures de fonds marins millénaires, jusqu’en gare de Tonnerre. À découper des arbres morts à la tronçonneuse pour ressusciter la terre, replanter sa barrière de corail. Peut-être au coin du feu chez moi, où à travers la fenêtre je vois que tout le monde m’attend, et qu’à ma place dans le canapé pétille une coupe de champagne qui, si je tarde trop, va se réchauffer. Peut-être suis-je déjà sur la route que j’ai décidé d’emprunter dans six mois, et dont j’aurais plaisir à apprendre la langue. Ou devant une glace à la crème de mûre et sept escargots persillés, à table avec quelqu’un que j’aime. Qui sait ? J’ai un bon livre sous le bras que je ne lâche pas et qui m’accompagnera partout. C’est suffisant. Et si le train revient parfois sur ses pas, il ne fait jamais demi-tour. Il fait nuit de toute façon, le jour tombe encore trop vite, je ne distingue pas bien le paysage extérieur sur ma banquette du chemin des possibles.