Auteur : Eloïse

  • Une histoire de fantômes

    Novembre en est rempli

    Les sièges du métro se lèvent et s’abaissent

    G. vit au-dessus d’un cimetière

    J’entends des voix qui ne sont que le vent qui s’engouffre

    Des présences dans les rêves

    Ils font la fête la nuit pour laisser leur prosecco dans le caniveau

    Je vois des gens assis à table rire dans un restaurant japonais fermé

    L’un d’eux écrit « Jesus Sauve » partout où il reste un peu de place 

    L’un d’eux éteint la lumière du train pendant que le couple en face de moi se caresse et se galoche ne laissant qu’un rayon de soleil sur Ulysse de Joyce dont les pages se soulèvent lentement sous la clim. Comme s’il respirait. Je me dis que mon fantôme est peut-être un ange. Ou un foulard de Yamamoto Kansai

    L’un d’eux éteint carrément les tours entières de la BnF, nous disant qu’il faut partir. Ça suffit. Il nous laisse suspendus dans le vide, sans visibilité, à 7 étages du sol

    Un bus en panne en plein milieu d’un boulevard, la nuit. Plongé dans l’obscurité. Les taxis le contournent à l’aveugle comme du plancton autour d’une baleine morte

    Ça commence à me filer les jetons je vais m’asseoir au café

    Deux vieilles dames discutent à la table à côté de la mienne

    L’une d’elle raconte qu’une fuite d’eau n’était pas prise au sérieux dans son immeuble. L’eau n’y avait plus coulé depuis des mois. Quand l’expert arrive dans son magnifique costume, il se met à pleuvoir sur lui dans le salon

    Elle a levé les yeux au ciel et dit « merci, maman » elle est sûre que c’est sa mère qui a envoyé l’eau depuis l’au-delà

    Ils s’expriment tous à travers les êtres périphériques. La voix de nos grand-mères. Vivent dans leurs édifices. L’expo de Richter à la FLV en grouille. Ils dorment au-dessus de nos lits

    Christa und Wolfi, 1964 de G. Richter

    L’un d’eux se fout de ma gueule en ajoutant une question tout en haut sur le formulaire chez le dentiste : êtes-vous satisfaite de votre sourire ? 

    L’un d’eux appuie sur un bouton pour éteindre tous les lampadaires de Paris, d’un seul coup. Il crie : le jour se lève ! Quelqu’un vient réparer ceux qui ne marchent plus. Les lampadaires de campagne à la sortie des forêts contiennent, eux, des systèmes solaires

    J’ai compris qu’allumer la lumière les intimide alors je fais ce que je n’ai jamais fait je vais brûler un cierge. Avant je volais la cire fondue solidifiée dans les églises en pensant qu’elle contenait les spectres et leurs secrets. La flamme oscille comme si elle hésitait à se montrer. Elle pèse le pour et le contre. Je pourrais aussi promener ma lampe de chevet en laisse comme ce mec croisé rue de Seine

    L’un d’eux active un mécanisme toutes les 15-30 secondes dans les canalisations  derrière mes murs. Comme si on ouvrait un robinet et qu’on le refermait tout de suite. Je suis la seule à l’entendre. Les voisins me regardent drôlement quand je leur demande s’ils savent ce que c’est

    L’un d’eux s’est pris un râteau et à laisser tomber une fleur sur le quai du métro

    L’un d’eux est la voix d’Ingrid Bergman qui récite le poète disparu

    Regardant le Vésuve

    Temple of the spirit

    No longer bodies

    But pure ascetic images 

    Compare to which mere thought seems flesh, heavy, dim

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