Rassembler les Femmes d’Art, avec Marie-Stéphanie Servos

Bonjour ! J’espère que vous vous portez bien en ce reconfinement hivernal qui, certes vous permettra ENFIN de terminer ce fameux puzzle de 20 000 pièces que vous aviez délaissé en mai dernier, mais reste tout de même une plaie.

Aujourd’hui j’ai le plaisir sincère de vous présenter la personne qui a fondé un projet auquel j’éprouve un attachement particulier : Marie-Stéphanie Servos, fondatrice du média Femmes d’art pour lequel je suis notamment rédactrice.

Si certains indignés de la première heure s’enflamment et proclament un conflit d’intérêt dans le choix de mon invitée du jour, c’est pas mon problème, et c’est probablement vrai. J’ai effectivement envie de profiter de cet article pour vous présenter le projet Femmes d’art de la meilleure façon pour vous inviter à le suivre et à le soutenir.

Revenons quelques mois en arrière. C’est lorsque jinterview Margaux Brugvin – que la plupart d’entre vous commencent à connaître – que je découvre le podcast Femmes d’art. Le premier épisode que je choisis est l’interview de l’auteure Claire Berest, c’est un coup de foudre, tout me plaît.

C’est le point de départ d’une aventure superbe. J’ai découvert Marie-Stéphanie et Marie-Stéphanie découvre le blog, nous parlons d’elle, de moi et de Femmes d’art, elle me propose d’y participer, j’accepte par passion, le monde tourne rond.

C’est pourquoi aujourd’hui j’ai aussi envie de vous la faire découvrir et de faire découvrir son projet dont elle prend soin comme d’un membre de sa famille, ce qu’au passage je respecte énormément. J’espère que notre échange vous plaira et que vous irez suivre et partager l’esprit Femmes d’art autour de vous !

***

La Beautaniste : Bonjour Mariste ! Tout d’abord, pourrais-tu te présenter brièvement ?

Marie-Stéphanie S. : Bonjour ! Je suis Marie-Stéphanie Servos, je suis journaliste.

J’ai notamment travaillé en radio pour France Inter et France Info, et je travaille aujourd’hui pour le magazine ELLE et la rubrique ELLE Active, dédiée à la place des femmes dans le monde du travail.

En novembre 2019, j’ai lancé Femmes d’art, un podcast dédié aux femmes qui évoluent dans le monde de l’art, pour leur donner plus de visibilité et parler enfin du monde de l’art au féminin !

Comment parlerais-tu de ce que tu fais à quelqu’un qui n’en a jamais entendu parler ?

En ce qui concerne le journalisme, mon travail est assez hybride. J’écris à la fois des articles sur la place des femmes dans le monde du travail et dans la société, mais je m’occupe aussi de la partie éditoriale de forums et d’événements organisés par le ELLE et dédiés à des sujets très divers (la place des femmes dans le sport, en politique, etc). Je m’occupe aussi de certains podcast du ELLE.

En ce qui concerne Femmes d’art, c’est un projet dont la vocation est de mettre en avant toutes les femmes qui font le monde de l’art, ainsi que leur travail. Les femmes, à l’instar de nombreux autres secteurs de la société, sont sous-représentées dans l’art. Elles ont aussi longtemps été invisibilisées, discriminées, et si les choses ont évoluées, il reste encore du chemin à parcourir… C’est dans ce sens que veut aller Femmes d’art, avec un podcast hebdomadaire, un magazine et de nombreuses autres actions.

Est-ce qu’on peut revenir un peu sur ton parcours ?

Bien sûr ! Je me suis longtemps cherchée, même si, au fond de moi, j’avais l’envie très forte de devenir journaliste (envie réprimée par des professeurs peu convaincu.e.s de la viabilité d’une telle carrière sans être « fille de » ou avoir ses entrées…). Je me suis donc dirigée d’abord vers des études de sciences po, d’histoire de l’art puis de droit (oui, j’ai navigué).

Après une licence, j’ai quitté la France pour aller m’installer six mois à Londres. Ce « break » dans ma vie a littéralement tout changé : la culture anglo-saxonne est bien différente de la culture française. À Londres, j’ai rencontré des personnes qui m’ont permis de commencer à écrire, sans me questionner sur mon background universitaire. On m’a dit : « Tu aimes écrire ? Tu aimes l’art ? Ok, feu !« . Cela m’a permis d’écrire sur la vie culturelle locale et de prendre confiance en moi.

En rentrant en France, j’ai donc opté pour un master de journalisme en alternance. J’ai effectué une alternance en radio, dans une émission de RFI, « L’Atelier des médias », une expérience très formatrice et qui a renforcé mon envie de faire « du son », « de la voix ».

Après mon diplôme, j’ai poursuivi mon expérience radio sur les ondes de France Inter et France Info où j’ai eu l’occasion de présenter les journaux, et de contribuer aux services reportages, éco et web. J’ai été pigiste pendant un petit moment, écrit aussi pour Vice, Cheek Magazine et d’autres pure player. En quête de stabilité (la vie de pigiste a ses limites) j’ai ensuite passé un an dans un magazine papier éco/finance, avant de poser mes valises au ELLE, et de créer Femmes d’art en novembre dernier. 

Femmes d’art, qu’est-ce que c’est ?

Femmes d’art, c’est un média dédié aux femmes qui font le monde de l’art. Chaque semaine, j’interroge une femme artiste, galeriste, historienne, sur son parcours, les femmes qui l’inspirent, ses défis en tant que femme dans ce secteur… Femmes d’art est également devenu un magazine en ligne, une newsletter et un Club.

Au-delà, Femmes d’art est aussi une communauté sur Instagram qui réunit des personnes de tous horizons, femmes comme hommes, spécialistes de l’art, artistes ou simplement des curieux.ses de l’art et du beau.

Quand as-tu pris conscience que tu voulais te lancer dans un tel projet ?

Cela faisait déjà un moment que je murissais l’envie de fonder un projet éditorial autour de l’art. Mais je ne savais pas vers quel sujet me diriger. Le déclencheur pour Femmes d’art a été progressif. D’abord, j’ai commencé à m’intéresser à la place des femmes artistes dans les musées et les galeries en cherchant totalement par hasard le nom d’une femme artiste lorsque je visitais le musée d’Orsay.

Je pensais qu’il serait « simple » d’en trouver une, en regardant les cartels présents au bas des tableaux. Cependant, cela a été plus compliqué ! Et pour cause, seulement 2% des œuvres présentées à Orsay sont l’œuvre de femmes artistes… Ça a été un vrai choc pour moi qui croyait naïvement que le monde de l’art était épargné par les inégalités et discriminations que connaissent les femmes dans d’autres secteurs de la société.

De fil en aiguille, à travers des lectures, des rencontres, notamment une, fondatrice, avec Camille Morineau que j’ai interviewé pour le ELLE, j’ai levé le voile sur un sujet si vaste et important : l’invisibilisation des femmes artistes au fil des siècles, et les inégalités rencontrées par les femmes dans le monde de l’art aujourd’hui encore. C’est rapidement devenu une évidence : il fallait que je parle de ce sujet, que je donne aussi la parole à toutes ces femmes qui font un travail exceptionnel soit dans la création, soit dans la mise en avant d’autres artistes.

A ce jour, quelle est l’interview Femmes d’art que tu as réalisée et qui t’as le plus marquée/inspirée ? Pourquoi ?

Question compliquée… toutes mes interviews m’ont inspirée ! Mais si je devais en citer une ou plusieurs, je dirais celle avec Nathalie Obadia (épisode 21) qui est une femme impressionnante tant par son parcours, sa longévité que sa vision du marché de l’art.

L’entretien en deux parties, avec Claire Berest, qui raconte ses deux livres « Rien n’est noir » sur Frida Kahlo et « Gabriële » dans lequel elle raconte la vie de son arrière grand-mère, Gabriële Buffet-Picabia (épisode 19 et 20), ces deux épisodes sont passionnants ! Mais je pense aussi à l’entretien avec Camille Morineau, évidemment, qui pose des mots très justes sur toute la question liée à l’invisibilisation des femmes artistes pendant des décennies… (épisode 5). Et tant d’autres !

Femme d’art c’était d’abord un podcast, pourquoi avoir privilégié ce format ?

Mon amour pour la voix et la radio ! Et parce qu’avec ce médium, on peut prendre le temps, mais aussi ressentir plus de choses, entendre la voix des invitées et rentrer dans leur intimité… Cela change tout !

Aujourd’hui, Femmes d’art évolue et devient un média à part entière, c’est quoi la suite ?

La suite, c’est de pouvoir faire en sorte de continuer ce que je fais déjà avec le podcast, et de pouvoir développer la partie média.

Le Club Femmes d’art a aussi vocation à se « formaliser » avec un vrai membership et un programme très étoffé de rencontres et d’activités. Tout cela, en espérant que nous en ayons un jour terminé avec ce fichu virus… Et tout un tas d’autres projets que je garde pour l’heure secret, ou qui sont à moyen terme. 

Dans un monde idéal (avec argent illimité et temps illimité), Femmes d’art ce serait quoi ?

Ahaha ! Un empire ! Non, sans rire, un vrai média, avec des journalistes que je puisse payer. Femmes d’art aurait aussi une version papier (mais ça, ça fait partie des projets à venir aussi…). J’en profiterai pour organiser la grande expo de mes rêves avec un tas d’artistes géniales ! Mais chut, je n’en dirais pas plus…

Femmes d’art c’est aussi une communauté amenée à grandir, pourquoi c’est important à tes yeux d’insister sur ce point ?

C’est un peu bateau, mais j’ai envie de répondre : seule, on va plus vite, ensemble, on va plus loin ! Un projet né d’une idée ne va nulle part sans une communauté solide. Donner plus de visibilité aux femmes artistes et aux femmes du monde de l’art est un projet qui doit concerner absolument tout le monde, hommes comme femmes. La communauté a donc toute son importance… Par ailleurs, elle est le premier relais de ces engagements et de ces combats. 

Dans un autre monde idéal, si tu pouvais interviewer n’importe quelle femme de l’Histoire pour Femmes d’art, ce serait qui ? 

J’aime cette idée du monde idéal ! Dans un monde idéal, j’interviewerai Judy Chicago probablement. Mais si j’avais le droit de revenir en arrière, je ferais un entretien croisé avec Artemisia Gentileschi pour questionner l’évolution de la place des femmes artistes dans la société, et la notion de féminisme ramenée à leur époque respective. Mais ces deux noms ne sont qu’une infime partie de ma looongue liste de rêves (faisables ou non). 

Quel est ton rapport à l’art plus généralement ? Quelle place occupe-t-il dans ta vie ?

L’art a toujours occupé une place importante dans ma vie. Je ne viens pas d’une famille d’artistes, mais j’ai toujours été sensible à l’art. J’ai le souvenir d’avoir été fascinée d’abord par les visites de musées que nous faisons en primaire. Puis, j’y suis naturellement retournée seule plus tard.

J’ai passé des heures et des heures devant les œuvres du musée des Beaux-arts de Lyon, j’ai erré dans les galeries lyonnaises et parisiennes… C’est ce qui m’a donné envie de faire de l’histoire de l’art, à l’université puis en suivant les cours du soir de l’École du Louvre. Pour moi, voir de l’art est un besoin, vital, donc ce confinement complique bien les choses ! 

Qu’est-ce qui t’inspire au quotidien ?

Mon entourage, mon mari, mes amies, les femmes qui m’entourent et qui sont passionnées par ce qu’elles font. Et bien sûr, toutes ces personnes que je rencontre à travers mon métier mais aussi et particulièrement avec Femmes d’art. Ensuite, la musique, le ballet, le théâtre, les lectures… 

Avec la période troublée que nous vivons à nouveau, à ton avis quelle place l’art détient-il ? (« Vous avez 4 heures », haha)

Flash back de mes cours de philo ! L’art est salvateur dans la période que nous vivons. Il est regrettable et inquiétant de voir que la culture est en péril, et que de nombreux acteurs vont malheureusement faire les frais ou font déjà les frais de cette nouvelle crise économique…

Mais, on a aussi pu le voir, la crise inspire ! Et notamment les artistes. Alors, l’art ne mourra pas, l’art nous sauvera (au moins psychologiquement, pour l’instant). Même si nous sommes confinés, il faut en profiter pour replonger le nez dans les catalogues d’expos, fouiller dans les replay d’Arte pour (re)découvrir des documentaires sur l’art passionnants ! Et scroller Instagram jusqu’à découvrir de nouveaux artistes à suivre… 

Est-ce que tu pourrais partager ce qui te fait kiffer en ce moment ?

L’un des derniers épisodes du podcast The Great Woman Artist, dans lequel Katy Hessel, l’hôte, reçoit une Guerrila Girls ! La folie ! Et les dernières vidéos (à propos des Guerrilla Girls notamment) de Margaux Brugvin, qui publie chaque dimanche un portrait de femme artiste.

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Si à ce niveau-là de l’article, vous n’êtes pas encore totalement conquis.e, je ne sais pas ce qu’il vous faut. Encore un grand merci à Marie-Stéphanie pour avoir accepté de répondre à mes questions.

Vous pouvez retrouver Femmes d’art sur le site, le podcast et sur instagram ! Quant à moi, je vous souhaite une belle journée et à la prochaine pour un nouvel article (je vous tease, mais c’est une collaboration qui s’annonce super excitante à propos d’une grande dame d’un domaine de l’art que je n’ai encore jamais traité sur le blog…).

A très vite !

Eloïse, La Beautaniste.

2 réponses à “Rassembler les Femmes d’Art, avec Marie-Stéphanie Servos”

  1. Et comme toujours : un article incroyable ! J’aime beaucoup le ton que tu utilises, vraiment j’suis trop fan et le contenu est toujours cool ! J’ai aimé en apprendre + sur les Femmes d’Art et sa créatrice ! Son parcours est super ! Et encore félicitations pour ta participation à ce projet, c’est beau de ta voir évoluer dans ce que tu aimes, snif ! Des bisous masqués et keep going, tu fais du bien à la culture ❣️

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